14. Bilan et commentaires de notre action


14.1 Au 15 décembre 2004

Jusqu'à ce jour, nos 3 associations ont agi avec modération
Notre objectif étant de laisser le soin à la mairie de Saint-Etienne et à Saint-Etienne Métropole de pouvoir prendre elle-même une initiative du type :
«  après avoir examiné l'ensemble des éléments du dossier, nous avons décidé que le cahier des charges le plus utile pour tous consiste à positionner le Centre du Design à tel ou tel endroit…  »

Ainsi, notre collecte de signatures a été menée de façon homéopathique, c'est-à-dire à l'occasion des rencontres personnelles des uns ou des autres.

Nos arguments sont restés au niveau technique :
-  la Manufacture Impériale de Saint-Etienne constitue un Ensemble Majeur unique en France
-   les disponibilités foncières existent largement tant sur l'ancien ensemble industriel du GIAT qu'en face du Musée d'Art Moderne de Saint-Etienne à la Doa.

Nous avons même accueilli, poliment, l'architecture de l'agence berlinoise, pourtant «  très simpliste et déjà vieillotte  ».

Nous nous sommes abstenus de faire des commentaires sur le contenu, pourtant incertain, du projet de Centre Stéphanois du Design

 

En retour et paiement de nos efforts, nous avons eu droit à des arguments caricaturaux :

- « on ne peut pas mettre Saint-Etienne dans un sarcophage »
L'association arco a une vision exactement inverse du développement de Saint-Etienne : depuis 20 ans, elle plaide pour que se réalise dans notre ville un Monument Significatif et, dès janvier 1989, avant que la ville n'en parle, avant que n'existe Saint-Etienne Métropole pour … la réalisation d'un Signal Architectural devant le Musée d'Art Moderne à la Doa abritant … un «  Centre National du Design Français  »

- « les 4 bâtiments prévus à la destruction n'ont pas d'intérêt particulier, il en existe de nombreux exemples sur Saint-Etienne »
Qui peut, s'agissant de la Manufacture Impériale, ignorer que l'Intérêt Essentiel du Monument est de constituer un Ensemble Cohérent, préservé dans son intégrité ?

- « nous souhaitons reconstruire la ville sur la ville »
C'est la base même de la loi SRU. Cette déclaration ressort plus de la notion mal assimilée que de l'argument de fond.
En effet, « construire la ville sur la ville », c'est structurer ce qui est hétérogène et préserver ce qui est déjà structuré.
Surtout pas remplacer un parc urbain existant par du bâti !

- « 2000 signatures, c'est rien. Surtout que derrière cette pétition, on trouve d'abord des écologistes et des militants du FN »
Les adhérents de nos 3 associations apolitiques, qui ont recueilli 95 % des signatures sur la pétition, apprécieront.

 


Maintenant, nous allons devoir aborder des constats plus sévères,
vu le délabrement de nos finances communales, Nous n'avons pas les moyens :

- de démolir des bâtiments en parfait état pour en construire d'autres,

-  de faire perdre au site 150 emplois payés par l'Etat pour les remplacer par quelques dizaines payés par Saint-Etienne et ses voisins.

- de nous priver d'un élément d'attraction, unique en France, pour poser une barre de 220 m de long, laquelle, verre ou pas, ne sera jamais transparente et formerait une « muraille de LIN » entre la Grand'Rue et les restes de la Manufacture

- de nous offrir une extension du Musée d'Art Moderne alors qu'elle pourrait parfaitement être installée dans la Manufacture Impériale

- de créer dans Saint-Etienne des trous de proximité, cassant des quartiers anciens cohérents, et dans le même temps de boucher un espace jardin prestigieux existant

- d'engager, enfin, les travaux d'achèvement de l'important site LE CORBUSIER de Firminy et dans le même temps d'amputer, de façon irréversible, l'important site de la Manufacture Impériale

 

chaque ville a son écharde, l'exception stéphanoise c'est d'en vouloir une seconde


à Lyon, c'est le centre multimodal de Peyrache
à Saint-Etienne, c'est le parking-blockhaus des Ursules.

On nous refait, 30 ans après, le même mauvais coup
comme si une erreur insupportable n'avait pas suffi


et pourtant c'est bien la même !

-  même destruction d'un ensemble harmonieux

-  même occupation d'un espace de respiration urbaine

-  même disparition d'une perspective remarquable

 

14.2 Au 14 Février 2005

 

LE POINT DE LA SITUATION

L'origine de la crise actuelle
Le projet actuel prévoit la destruction ou l'occultation de la partie visible, à partir de la Grand'Rue, de la Manufacture Impériale. Comment en est-on arrivé là ?

Cette situation de crise a une seule origine : le cahier des charges du concours d'architecte a été établi en catimini. En effet, ni l'architecte des Bâtiments de France, ni le service Patrimoine de la Direction Régionale des Affaires Culturelles n'ont été consultés.
Pourtant la ville comme Saint-Etienne Métropole ne pouvait ignorer que la Direction Régionale des Affaires Culturelles avait ouvert un dossier de protection de la Manufacture Impériale.
Les associations n'ont pas été plus consultées : pourtant, l'expertise en matière patrimoniale des Amis du Vieux Saint-Etienne et de la SPPEF (Société pour la Protection des Paysages et de l'Esthétique de la France) ne peut être contestée.

L'association arco, pourtant agréée par la Préfecture de la Loire au titre de l'environnement pour l'ensemble du département et pour l'urbanisme pour la commune de Saint-Etienne, a également été ignorée.

Or, ce cahier des charges imposait aux architectes d'intervenir dans la zone où se trouve les châteaux des directeurs, les pavillons administratifs et la cour d'honneur, c'est exactement ce qu'a fait l'agence LIN dirigé par Finn GEIPEL, en poussant cette logique à l'extrême puisqu'il occupe strictement tout l'espace d'intervention.

Certes, le jury aurait pu classer le projet de Rudy RICIOTTI non pas second mais premier. En effet, ce projet enfouissait la plupart des surfaces leur permettant d'accéder à l'ensemble des bâtiments entourant la cour d'honneur par des galeries souterraines et ne laissant émerger à la surface qu'une coupole (un sein) dont la proportion était harmonisée avec l'espace de la cour d'honneur.
Mais le subtil et imaginatif projet de Rudy RICIOTTI fut rejeté par les représentants de la ville de Saint-Etienne comme jugé pas assez spectaculaire !


Les aléas du projet actuel
A partir de là, Saint-Etienne Métropole tente de justifier son erreur d'appréciation, et plus difficile encore, de la mettre en œuvre.

Comment réaliser un couvercle en verre de 220 m de long et de 35 m de large avec les conditions climatiques stéphanoises et surtout les normes de construction françaises ?
On vient de voir que les structures en verre sur l'espace des Halles à Paris signées VILLERVALE n'ont tenu que 18 ans, pourtant la prouesse technologique était bien modeste à côté de celle du couvercle GEIPEL.
Que faire des jardins suspendus, car ils vont bien entendu cacher la vue de la boîte en
verre ?
Pas de problème «  ils seront abaissés au niveau du sol pour améliorer la perspective visuelle des passants  »
La grille ?
Alors là, personne ne sait plus. Parfois elle est démontée et remise en place (alors pourquoi est-elle démontée ?), sur d'autres croquis, la grille disparaît ainsi que toute la maçonnerie en pierres de taille, seul subsiste le portail entièrement « orifié » et posé soit au centre, soit de côté… selon les cas.


Une erreur urbaine, patrimoniale, financière et économique (et à l'évidence politique…)

Urbaine
Les gens du quartier, mais aussi tous les Stéphanois, ont la chance de disposer avec l'ensemble place d'armes/cour d'honneur, encadré des jardins suspendus, des châteaux des directeurs, des pavillons administratifs et de l'atelier de l'horloge d'une place remarquablement ordonnée et d'une superbe perspective.

Or l'intention est bien, comme on l'a fait avec le parking-blockhaus des Ursules, de supprimer la place et la perspective.

Patrimoniale
Non seulement la Manufacture Impériale n'a pas d'équivalent en ensemble Second Empire en Rhône-Alpes mais est unique en France. De plus, elle s'inscrit dans une trilogie européenne : les salines royales d'Arc-et-Senans de LEDOUX ( lesquelles ont manqué d'être détruites par leur propriétaire en 1917 et ont dû leur conservation qu'à une protection in extremis) , le grand Hornu en Belgique ( sauvé de la démolition par un architecte visionnaire Henri GUCHEZ), désormais gloire de la province du Hainaut, devenue pôle de développement économique et culturel sur la technologie et la prospective et enfin la Manufacture Impériale d'armes de Saint-Etienne, aboutissement des grandes compositions industrielles qui ont marqué l'histoire de l'industrie européenne, complète cette trilogie.

C'est donc bien d'un monument d'intérêt national dont nos décideurs ont l'intention de priver les Stéphanois et avec eux l'ensemble des habitants de Loire Sud.

Financière
La mise en œuvre de la proposition alternative de nos associations permet d'une part de faire des économies et d'autre part de faire bénéficier l'opération de financements supplémentaires.

Faire des économies

La démolition des murs des jardins suspendus, des châteaux des directeurs, des pavillons administratifs, de la dépose/repose de la grille et du portail, du remodelage total du secteur représentent plusieurs centaines de milliers d'Euros.

Obtenir des financements complémentaires

En revanche, la conservation et la mise en présentation de la Manufacture Impériale permettent d'accéder à des fonds structurels européens dans le domaine de la culture.


Economique
On ignore à Saint-Etienne tout le profit que l'on pourrait retirer de la présence d'un monument d'intérêt national, c'est bien normal puisque nous n'en possédions pas.
Sachons que l'équivalent de notre Manufacture Impériale en terme monumental est la saline d'Arc-et-Senans (citée plus haut). Or, cet ensemble pourtant largement moins accessible que la Manufacture Impériale de Saint-Etienne reçoit en moyenne 150 000 visiteurs par an. Imaginez-vous que cela représente autant sinon plus que les visiteurs de tous les musées de Saint-Etienne ? Or là, ces 150 000 visiteurs sont des visiteurs effectivement payants.
De plus, comme vous le savez, Saint-Etienne Métropole est en train, en terminant l'église St Pierre de LE CORBUSIER, d'achever l'ensemble architectural de Firminy. Une fois organisée une signalétique cohérente, cet ensemble sera d'intérêt mondial.
Il restera toutefois solitaire en Loire Sud. Une situation que l'on connaît avec la chapelle de Ronchamp de LE CORBUSIER en Haute-Saône, laquelle connaît beaucoup de visiteurs mais en simple passage. Les retombées économiques étant quasi nulles.

En revanche, si nous disposons du duo : Ensemble LE CORBUSIER/Manufacture Impériale, une bonne commercialisation permettra de faire de Loire Sud un espace de destination touristique.


Sacrifice inutile car une proposition d'avenir existe
Outre l'option RICIOTTI, nos associations soutiennent une autre implantation de l'architecture de Finn GEIPEL sur les terrains désormais dégagés des anciens établissements du GIAT et principalement celle imaginée par Pierre TROTON, Président des Amis du Vieux Saint-Etienne :

Sous XIXème, la voie d'entrée à Saint-Etienne était bien la Grand'Rue, ce n'est plus du tout le cas. Les axes routiers dans le secteur nord de l'agglomération ont été entièrement remodelés et désormais l'entrée de la ville s'effectue par le boulevard Thiers.
Et précisément dans l'axe de la Manufacture Impériale et le long du boulevard Thiers existe une disponibilité foncière bien plus ample que celle dans laquelle on veut à tout prix insérer ladite platine de Finn GEIPEL.

Cet objet architectural tout en longueur (220 m de long) serait beaucoup plus en exergue et en visibilité à cet endroit que le long de notre étroite Grand'Rue.
Elle se trouverait orientée au soleil levant.

Le boulevard Thiers connaît actuellement une mutation radicale avec la récente présence du pôle optique et celle proche, du technopole, du secteur loisirs de la Plaine Achille, et à son prolongement, du pôle de Châteaucreux, mais surtout du futur zénith, dont la somptueuse architecture de FOSTER viendrait en dialogue avec celle technologique de GEIPEL.

A cet endroit, la question des parkings, irrésolue, sur l'autre localisation, trouverait facilement une réponse et la jonction avec les 3 grands halls industriels de la Manufacture Impériale évidente.


Réussir la cité du design
Mais la question de fond est de savoir si nos décideurs souhaitent réellement donner toutes ses chances à la réussite de la cité du design ; ce qui n'est pas aussi simple que ce qu'on veut bien nous dire.
Or, la proposition des associations permet d'une part de donner une dimension labellisée à cette cité en offrant grâce à la conservation des châteaux des directeurs un lieu d'accueil d'une « villa Médicis » du design.
De plus, la présence du monument que constitue la Manufacture Impériale mise en présentation apporterait, outre un supplément d'âme, un surplus de fréquentation considérable aux expositions qui seront organisées dans la cité du design.

Les décideurs de Saint-Etienne et de Saint-Etienne Métropole ont à portée de main deux excellentes solutions.
Il serait incompréhensible qu'ils persistent à mettre en œuvre l'actuelle et désastreuse option.

J.S.

14.3 Evolution du nombre de signatures sur la pétition

 

  - le 21 juillet 500
  - le 3 août 1 000
  - le 18 septembre 1 500
  - le 17 octobre 2 000
  - le 26 octobre 2 500
  - le 14 décembre 3 000
  - le 29 janvier 4 353
  - le 10 février 5 023
  - le 5 avril 5 771
  - le 20 mai 6 044
  - le 14 juin

6 211

 

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