16. Réaction aprés la destruction de la MANU
16.1 Sacrifice inutile Sacrifice inutile
Le 22 juin 2005 en clôture de ses « trans-urbaines » Michel BULLDOZER, sénateur maire de Saint-Etienne, président de Saint-Etienne Métropole, contre toute logique économique selon un rituel tant de fois perpétrer, a écroulé le seul Monument d'Intérêt National subsistant dans notre ville, la Manufacture Impériale de Saint-Etienne…
Une fois de trop !
(Lorsque sera passée la stupeur partagée par 71 % des stéphanois nous analyserons les conséquences de cette inconséquence)
Dans l'immédiat, nous invitons les stéphanois intéressés par le site de la manufacture, d'aller déposer d'urgence leur observation sur le livre d'enquête publique ouverte sous les arcades de l'hôtel de ville jusqu'au 30 juin. La ville de Saint-Etienne tente d'obtenir le déclassement des espaces boisés classés et notamment de la cour d'honneur de la Manufacture Impériale afin de dépecer un peu plus le site.
16.2
PALAIS IMPÉRIAL : C'EST À PLEURER DE RAGE !
N' ayons pas la cruauté de comparer Saint-Étienne avec la moindre
ville de la province italienne. Comparons la simplement avec toutes
les villes françaises d' égale importance, Dijon, Nancy, Rennes...etc.
Ce qui frappe c' est sa pauvreté en terme de grands témoigna-ges
du passé, sa faiblesse au plan d' images et de grands récits
historiques. Pas un seul ensemble architectural classique significatif
" porteur " et susceptible de donner à notre ville un peu de cette
aura qui fait la force des cités évoquées. Pas de place Stanislas,
pas de parlement de Bretagne ni de palais des ducs de
Bourgogne....etc. Rien !
Un grand référent historique
Or voilà que le GIAT fait faillite et laisse à la collectivité
locale deux ensembles impressionnants par leur force, leur qualité
architecturale et le capital de souvenirs historiques qu' ils
véhiculent : les ateliers proprement dits, premier site, et un
deuxième site, un ensemble de représentation, un authentique palais
du 19°, articulé en deux fois deux bâtiments, par rapport à la
façade de l' Horloge et autour d' une cour d' honneur de type
place d' armes. Un système architectural clos, autonome, péremptoire,
qui enfin, pouvait donner à la ville quelque grand référent
historique et un peu de lustre.
N' importe quelle ville, même richement dotée, aurait considéré que
c' était un effet de la providence, un cadeau du père Noël. N'
importe quelle ville, n' importe quel maire se serait mobilisé pour
protéger l' ensemble et le valoriser à la hauteur de ce qu' il
représentait, en y installant collège international, musée, fondation,
université, celle de Saint - Étienne par exemple, si triste et si
médiocre architecturalement parlant.
Mais pour monsieur Thiollière, il ne s' agissait que d' un
encombrant sauvage jeté en plein milieu de la grand rue, un résidu
, une vieillerie à solder. Il a pris SEUL, contre tout bon sens,
contre toute évidence, contre l' avis des stéphanois, contre ses amis
politiques même, la décision inouïe de décréter que ce site
magnifique n' était qu' une friche industrielle, qui, comme telle,
devait céder le pas à d' autres aménagements et donc rejoindre
les poubelles de l' histoire.
Un fanatisme modernitaire
Mais il y avait doute sur sa détermination. Les associations ont
surexpliqué et n' ont jamais injurié l' avenir. On lui a fait
crédit en pensant qu' au dernier moment sa position serait sans
doute révisitée. On pensait que comme dans beaucoup de villes, le
maire reprendrait sa liberté, ( un maire en a toujours le droit et
le devoir quelles qu¹ en soient les conséquences administratives,
plutôt que de commettre un erreur d' appréciation et de commettre
l' irréparable ) , déplacerait l'aménagement prévu, ou ferait un
deuxième concours d' architecture. Les jurys déjugés sont légion (
Nouvel à Euralille, Hondelatte à Bordeaux, Wilmotte pour Vulcania,
Koolhaas à Jussieu, Fortier pour l' île Seguin....etc ) et il y
aurait eu quelque mérite en effet à prendre en compte l'avis de
ces stéphanois qui se sont mobilisés et qui ne représentent
certainement pas la partie la moins consciente des problèmes d'
architecture et d¹ urbanisme de la population. Mais aujourd' hui,
après la destruction du site, après cet acte barbare et précipité,
on sait ! Au moins les choses sont claires. Monsieur Thiollière n'
a aucun respect pour le patrimoine réel, il n'aime que les labels
( "Saint - Étienne ville d'art"....! ). À ce titre il n'est tout
simplement pas un homme de culture ni un défenseur avisé des
véritables intérêt de la ville. C' est un épigone de Louis Pradel,
maire de Lyon en 70, ( Peyrache, ça vous dit ?) et un héritier de
son fanatisme modernitaire. En arrière toute !
Et le "vent" des Transurbaines, le "vide" de la Cité du Design (
auquel tout le monde était favorable et que personne ne l'
empêchait d'édifier ailleurs ) et pour tout dire, le dernier "gadget"
festiviste, le dernier " must " post JackLanguien, le dernier
"happening" à la Delanoé, auquel il semble s' être rallié avec
enthousiasme en les personnes de Barré, Millier, Hubaut, ne nous
fera jamais oublier ce qui aurait pu être et que nous avons
perdu. Jamais.
C' est donc une grande victoire pour la mairie, mais une immense
défaite pour la ville et pour la démocratie, et tout simplement une
honte.
C' est à pleurer de rage !
J C Monneret
Professeur de cinéma.
Professeur d' italien
(Texte adressé aux journeaux du Progrès et de la Gazette)
16.3 Poèmes à la MANU
REQUIEM POUR LA MANU
Tu avais survécu à des années de gloire,
Tes murs ont vu passer des générations
De braves travailleurs qui ont fait ton histoire
Apprenant leur métier de par leurs filiations.
Tu étais un fleuron de notre République,
La Légion d'Honneur arborée au fronton
Du portail ouvragé, référence historique,
Rehaussait la valeur de ton noble blason.
Très régulièrement résonnait ta sirène
Appelant au travail l'armée des Manuchards
Et vidant chaque soir la laborieuse arène
Car, surtout pour sortir : jamais aucuns traînards !
Puis tu perdis ton nom, plus de Manufacture,
Tu vis de mois en mois baisser tes effectifs,
De l'armement français, tu devins sépulture
Immolée sur l'autel des plans compétitifs.
Il ne te manquait que cette injure suprême
De voir tes bâtiments mutilés, fracassés,
Tôt, un matin d'été, innommable blasphème
Qui n'honorera pas ceux qui les ont cassés
Repose en paix, MANU, ils ont tué ton âme
Mais ton souvenir reste en nos cœurs désormais,
L'avenir gardera trace du geste infâme,
Immortelle tu es, pour toujours, à jamais.
ANDREE ROSSIGNOL
Fille et petite-fille de manuchards
|
|
ADIEU LA MAS ADIEU MANU
Malgré nouveau Logo ou le rouge l'emporte
La Municipalité ignorant l'interdit
Une nouvelle fois aura forcé la porte
Agissant à sa guise comme en pays conquis.
Le couperêt tomba au tout petit matin
Et les camions à bennes déblayent le terrain.
Comme ceux de Babylone, les jardins suspendus
Méritent ils d'être encore défendus ?
Arco et Avst après cet ultime combat
Définitivement devront baisser les bras.
La cité du Design éclipse Armeville ;.
Espérons (on en doute) la voir aussi fertile.
Gilbert PUESH
Docteur en pharmacie
|
|
16.4 Epitaphe
16.5 éclaircissement pour Monsieur 85 %
Le cahier des charges de la Cité du Design, fut établi en catimini. Il est à l'origine de la destruction de la partie frontale de la Manufacture Impériale. Sa révélation provoqua l'incompréhension d'une majorité de stéphanois, tant il y avait de place par ailleurs sur le site du GIAT. L'inspirateur de ce cahier des charges, Monsieur THIOLLIERE, sans argument, avançât en désespoir de cause celui de la conservation de 85 % des bâtiments.
Mais aujourd'hui, alors que les destructions ont été opérées, on ne peut pas comprendre que, répondant au journal L'Express, Monsieur THIOLLIERE ressorte cet argument du 85 %.
85 % de quoi ?
Si l'on regarde l'ensemble de la Manufacture d'armes devenue GIAT, on observe que sa surface était de 30 ha alors que celle de la Manufacture Impériale, la partie historique, est d'environ 10 ha.
Comme tout a disparu, hors la Manufacture Impériale, il y a donc les deux tiers de la surface bâtie qui ont donné lieu à des démolitions.
Le patrimoine, est-ce comme le Port Salut ?
Mais la vraie question est de savoir si aborder le patrimoine en terme de pourcentage, comme la matière grasse dans les fromages, est une approche pertinente.
Rappelons que ce qui faisait la rareté de la Manufacture Impériale, ce qui la rendait unique en France, c'est qu'elle avait conservé depuis près de 150 ans son état d'origine, c'est-à-dire l'héritage architectural de ses trois fonctions :
Fonctions d'habitation, d'administration, de production.
Or, les démolitions ont fait disparaître les deux premières fonctions, enlevant lisibilité et signification à cette « usine-institution ».
Si un imbécile venait à effacer le sourire de la Joconde, on pourrait dire, plagiant
Monsieur THIOLLIERE, que l'on a enlevé seulement 5 % de la surface peinte.
Mais, ce faisant, le mythe et le mystère de l'œuvre auraient disparu.
16.6 ECHEC ET MAT
Les travaux de la « tour » de la Cité du Design ont commencé.
Lors de sa venue à Saint-Etienne, la journaliste du Figaro, Anne-Marie ROMERO, avait posé cette question à l'architecte Finn GEIPEL :
« Pourquoi introduire de la dissymétrie dans un ensemble ordonné par la symétrie ? »
Elle a attendu la réponse, il n'y en eut pas, forcément, la question était trop pertinente.
En fait, quand on est un architecte anti-contextuel comme l'est Finn GEIPEL, on fracture et on décompose délibérément l'existant.
C'est un jeu, un jeu sans règle, une violence gratuite.
Cette « tour » tiendra lieu de panneau d'affichage où seront inscrits les mots « Cité du Design ».
Mais, en réalité, elle ne sert à rien.
Elle sera là comme un ultime et éternel défi à l'ensemble magistral et fonctionnel qu'était la Manufacture Impériale.
On échange le sens pour le non-sens.
On échange « 2 châteaux » pour un échafaudage métallique.
On échange, donc, un roi et une reine pour une tour !
Quant à Saint-Etienne, la conclusion patrimoniale est inéluctable : Echec et Mat.
Page précédente /Retour/Page suivante
Page de garde / Sommaire
1/2/3/4/5/6/7/8/9/10/11/12/13/14/15/16/17/18
Page d'acceuil |