17. Enquète publique

 

Révision simplifiée du Plan d'Occupation des Sols partiel
de Saint-Etienne ville
sur le futur site de la Cité du Design
dans le quartier de Carnot

 

 

OBSERVATIONS DE L'ASSOCIATION ARCO
sur l'absence d'intérêt public à un déclassement d'espaces boisés classés

Remises en mains propres à M. Noël SABY, architecte-expert, le jeudi 30 juin 2005

La loi SRU du 13/12/2000 impose la mise en place de PLU dont l'objet précisément est de renforcer la cohérence des politiques urbaines et territoriales et ainsi d'apporter une vision globale de l'aménagement du territoire communal.

Cette démarche est à l'opposé de celle qui consiste, comme présentement, à multiplier des révisions partielles de P.O.S.

17.1 Sur l'opportunité d'un changement de destination de la cour d'honneur
La révision du POS vise le déclassement de 2 espaces boisés classés. Si le classement a été opéré en 1996 sur un espace aussi précis que celui de la cour d'honneur, c'est qu'il correspondait à un intérêt public . Cet intérêt aurait-il connu une évolution ? La seule évolution inhérente au site de la Manufacture Impériale est que l'ensemble de ses bâtiments de production viennent de faire l'objet d'un avis de la Commission Régionale du Patrimoine et des Sites demandant leur protection au titre de l'inscription à l'Inventaire Supplémentaire des Monuments Historiques (pièces n° 1 et 2 : vue cavalière (zone n° 6) et plan d'ensemble) .
L'intérêt public de la conservation de ces espaces boisés classés est donc ainsi renforcé.

17.2 Sur l'assise de l'atelier de l'horloge
L'avis de protection de la CRPS comprend notamment l'atelier de l'horloge. Ce bâtiment est établi en fond de la cour d'honneur. Ainsi, la cour d'honneur constitue l'assise d'un bâtiment désormais protégé . Indéniablement, l'architecte qui a conçu l'ensemble monumental de la Manufacture Impériale a considéré l'atelier de l'horloge comme un point d'orgue, expression de la qualité architecturale de l'ensemble. Pourquoi cet effort particulier ? Certainement pas à cause de sa fonction puisqu'il s'agit en l'occurrence d'un atelier parmi beaucoup d'autres, ici un atelier d'ajustage, mais par sa localisation singulière qui lui offre, grâce à la cour d'honneur, une lecture architecturale et une visibilité exceptionnelle.
Afin de respecter la qualité de son architecture remarquable, et donc son aération, il est d'intérêt public de conserver la cour d'honneur en espaces boisés classés.

17.3 La cour d'honneur, lieu emblématique
Au plan de sa fonction, la cour d'honneur est le lieu essentiel de la manifestation de la nature et de l'activité de la Manufacture Impériale  : passage de commandements, cérémonies militaires pour les grandes fêtes nationales et patriotiques, réceptions à l'occasion des visites officielles, remises de décorations.

Ainsi, les grands personnages de notre république n'ont pas manqué, à l'occasion de leur passage à Saint-Etienne, de rendre hommage à notre ville en assistant à une manifestation républicaine dans la cour d'honneur de la Manufacture Impériale tels le Général BOULANGER le 7/10/1987, le président Félix FAURE le 31/05/1898, une mission impériale chinoise d'étude le 25/04/1905, le Général GALLIENI le 26/01/1907, les délégations dans l'année 1916 belge, canadienne, américaine et serbe, de l'entrée solennelle à Saint-Etienne des régiments de la Loire le 20/09/1919, le Général MANGIN, vainqueur de Verdun, le 23/04/1925, le ministre de la Défense Yvon BOURGES, dans le cadre de l'adoption du FAMAS 5,56 par l'armée française, en 1975.

La cour d'honneur, où est implanté le symbolique mat des couleurs, cristallise l'expression de l'autorité de l'Etat dans tous ses ensembles architecturaux majeurs : présidentiels, ministériels ou militaires.

17.4 Une perspective urbaine unique à Saint-Etienne
Lors du colloque d'ouverture, à l'occasion des récentes Transurbaines, des sommités de l'urbanisme ont fermement rappelé, si besoin en était, l'importance de la notion de perspective et de point de vue s'agissant de l'urbanisme stéphanois.
En effet, le développement de la ville, coulé dans de puissants mouvements topographiques a apporté à Saint-Etienne la richesse de perspectives sur les paysages, elle dispose aussi de remarquables perspectives urbaines.
Les perspectives sur les paysages
citons brièvement celles que l'on découvre depuis la rue de l'Eternité sur la colline du Jardin des Plantes, depuis la rue Michel Rondet sur le mont Salson, depuis la Grand'Rue sur la colline du Guizay, cette perspective a été supprimée au niveau de la place Bellevue par la récente construction de la clinique mutualiste.
Les perspectives urbaines
Les plus remarquables sont au nombre de trois :

Depuis la rue de la Badouillère sur la colline du musée d'art et d'industrie : on aperçoit, en partie basse le spectaculaire monument aux morts et son jardin à la française et, en remontant le regard, le musée d'art et d'industrie surmonté par une masse verdoyante.
Une double atteinte, sans doute aisément réversible, lui a été portée à l'occasion de la réalisation de la place de l'Arménie. D'une part, par le positionnement malheureux d'une sculpture-fontaine qui présente la forme de disques pleins superposés et d'autre part, par la mauvaise localisation d'une rangée de mûriers platanes.

De feu la place des Ursules sur la colline des Pères. Une des vues les plus charmantes de Saint-Etienne a été saccagée par la construction d'un parking-blockhaus.
Cette erreur manifeste d'appréciation est pleine d'enseignements pour le sujet qui nous occupe présentement.
En effet, les responsables municipaux de l'époque ont isolé l'objectif qu'ils poursuivaient : améliorer le stationnement du centre-ville, de la réalité urbaine, architecturale et sociale du lieu.
La place des Ursules, assise de la colline des Pères était un espace de vie et de convivialité en tant que marché de plein air le plus prisé de Saint-Etienne. C'était également l'accès au jardin du Palais des Arts (aujourd'hui école des Beaux-Arts) dont le jardin de rocaille à l'anglaise offrait un lieu de promenade et de rafraîchissement aux Stéphanois.
Elle ouvrait, largement, un point de vue sur le Palais des Arts que l'architecte BOISSON avait voulu de style Louis XIII et sur l'ensemble de la colline des Pères jusqu'à la Croix de Mission.
L'objectif du stationnement a obscurci la réflexion des décideurs qui ont toutefois tenu à doter ce bâtiment de la meilleure signature architecturale stéphanoise de l'époque. Aujourd'hui, la reconquête de ce paysage urbain est à l'ordre du jour, elle a été discrètement amorcée avec la découverture de la rue Ronsard.
Pour aboutir à une complète retrouvaille, il faudra certes dépenser beaucoup d'argent public mais cela reste possible.

La 3 ème perspective remarquable de Saint-Etienne est incontestablement celle que l'on découvre de la Grand'Rue sur la Manufacture Impériale.
Tout y est disposé pour exprimer aux passants l'importance du site.
Les « remparts » des secrets jardins suspendus orientent le regard, jalonnant l'espace public que constitue la place d'armes.
La grille et le grand portail qui la clôture ont été placés là dans une double fonction, celle de séparer l'espace public de l'espace privé, alors militaire, et celle d'offrir une totale transparence visuelle au travers d'une subtile dentelle de fer forgé, pour découvrir, après l'espace de reculement indispensable de la cour d'honneur, le fond de scène magistral de l'atelier de l'horloge.

Ainsi, une construction, sur l'entier espace de la cour d'honneur, porterait atteinte à l'intégrité d'un espace public majeur, supprimerait la profondeur de la perspective, formerait écran à la vision totale de l'atelier de l'horloge, isolerait l'observateur de l'ensemble productif de la Manufacture Impériale.

Ce constat sur « la destruction de l'espace urbain » est remarquablement développé dans une note de M. Jean-Noël BLANC, sociologue (pièce jointe n° 3) .

17.5 Un espace pour demain
A Saint-Etienne, il n'y a pas de véritable pression foncière, ainsi en de nombreux endroits, des projets urbains peuvent se développer sans aucune contrainte.

En revanche, rares sont les espaces qui décrivent, à ce haut niveau, notre histoire et témoigne de l'exigence de qualité propre aux Stéphanois.
Tel est bien le cas de la cour d'honneur.

De plus, la cour d'honneur, désormais offerte aux Stéphanois par l'armée française, pourra être le lieu de toutes les expressions et de toutes les expériences.
Saint-Etienne doit inscrire son héritage dans le futur.
La cour d'honneur est idéalement faite, à l'évidence, pour devenir le lieu de rassemblement où nous aurons la fierté de pouvoir développer toutes les formes d'expression : cinétique comme sur la place des Terreaux, théâtrale comme dans la cour de la Bâtie, historique comme sur la place du For au Puy, musicale comme dans le cloître de la Chaise-Dieu.
Bref, la réflexion sur la vocation multiple de la cour d'honneur de la Manufacture Impériale se découvrira au fil des projets et de nos ambitions.
Pour cela, sa conservation est impérative.

17.6 Le prétexte de la Cité du Design
Certes, la Cité du Design n'est pas l'objet de la présente procédure et pourtant, curieusement, son nom est inscrit dans le titre de l'annonce légale de la présente enquête.

Cette disposition nous fait obligation de dire quelques mots sur la problématique Cité du Design/cour d'honneur.

En préambule, rappelons qu' ARCO est pleinement favorable au projet de Cité du Design à telle enseigne que notre association, en janvier 1989, il y a donc 15 ans, proposait la réalisation, à l'entrée nord de notre agglomération, d'un Signal Architectural abritant un Centre National du Design Français .

Comme nous l'avons vu précédemment, la place ne manque pas à Saint-Etienne, elle ne manque pas non plus sur le complexe de la MAS qui s'étalait sur 30 ha, un tiers subsistant correspond au site historique de la Manufacture Impériale, les deux autres tiers ont été détruits, ils sont soit réutilisés, soit en attente de réutilisation.

Il est acquis que le foncier disponible permet toute possibilité de réaliser la Cité du Design, tout en rentrant aisément dans les délais propres aux subventions européennes, sans mettre en cause la cour d'honneur.

La proposition de l'architecte Rudy RICCIOTTI établit un subtil dialogue entre une forte modernité et un espace historique parfaitement respectés.

La proposition des 3 associations aboutit à positionner la « platine » de Finn GEIPEL le long du boulevard Thiers. L'emplacement, également, situé dans la continuité et dans l'axe de symétrie de la Manufacture Impériale permet de découvrir et d'ouvrir cette construction sur l'actuelle entrée de la ville de Saint-Etienne ; entrée où se développent toutes ses projets économiques et architecturaux : Technopole, zénith, plaine Achille, Châteaucreux (pièces jointes n° 4-5-6 et 7)

De plus, l'existence de la cour d'honneur, dans son contexte architectural, sera un atout appréciable pour accompagner des manifestations qui ne manqueront pas de se produire autour de la Cité du Design.
Ainsi, le déclassement de la cour d'honneur ne connaît aucune justification sérieuse.

17.7 Un avis de plus de 6000 Stéphanois, attesté par huissier
Plus de 6000 Stéphanois ont signé une pétition dans laquelle ils exprimaient la perte que représenterait la suppression de la cour d'honneur dans les termes suivants :
«  Après le parking blockhaus des Ursules, peut-on commettre la 2 ème « monstrueuse erreur » de l'urbanisme stéphanois ? et pourtant c'est bien la même !
- même destruction d'un ensemble harmonieux
- même occupation d'un espace de respiration urbaine
- même suppression d'une perspective remarquable »

Le nombre de signatures, soit 6184 au 3 juin 2005, encore augmenté aujourd'hui, ainsi que le texte de la pétition ont été certifiés par un procès-verbal de Maître Jean-Claude MERCIER, huissier de justice associé, SCP à la résidence de Saint-Etienne 9 rue Georges Teissier (pièce jointe n° 8)

17.8 Conclusion
Pour l'ensemble de ces raisons, nous considérons qu'il est du plus grand intérêt public de conserver la cour d'honneur de la Manufacture Impériale de Saint-Etienne dans son statut réglementaire actuel en espaces boisés classés.

Saint-Etienne, le 27 juin 2005

 

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