5. Une analyse sur la Manufacture Nationale d'Armes de Saint-Etienne

Dans un ouvrage de base « L'Archéologie industrielle en France » chez Robert LAFFONT, Maurice DAUMAS consacre de longs passages et plusieurs illustrations à la Manufacture de Saint-Etienne.
«  L'analyse que l'on peut faire de la Manufacture Nationale d'Armes de Saint-Etienne est tout à fait différente. On a vu que dans son état primitif, la manufacture qui a reçu le titre de royale en 1764, était constituée par différents ateliers répartis dans la vallée du Furan. Les entrepreneurs avaient un siège commercial commun sur une place de Saint-Etienne.
Lorsque le Second Empire voulut rénover la fabrication des armes légères, il fit construire une manufacture au nord de la ville pour regrouper tous les ateliers.
Les constructions furent exécutées en trois ans, de 1866 à 1868.

Ainsi le noyau d'origine présente-t-il une incontestable uniformité et les bâtiments d'ateliers ne manquent pas d'élégance.

En effet, l'apparat ici n'a pas été limité au seul bâtiment principal ; il a été prodigué aussi au front des ateliers sur la cour intérieure pour lequel on a, avec habileté, évité la pesante ornementation qui alourdit celui-là. Il est vrai que les ateliers ont été construits en 1866 deux ans avant le pavillon de l'horloge ; les murs de croupe qui terminaient les quatre ailes longitudinales, reliés entre eux par les longs pans des ailes transversales constituaient donc à l'origine l'alignement de façades visible de l'extérieur. Peut-être est-ce pour cette raison qu'ils ont été traités avec une discrète mais indiscutable recherche. Ou bien seulement, le programme étant déjà arrêté, faut-il y voir uniquement la volonté de ne pas sacrifier la cour intérieure à une simple banalité fonctionnelle.

Quoi qu'il en soit, on découvre que cette cour intérieure a été traitée avec une certaine austérité qui contraste avec l'effet que l'on a voulu produire, peu après, sur le visiteur entrant par la grille d'honneur, ou le simple curieux contemplant l'entreprise depuis la voie publique. Cette succession de portails de même dimension, ouvrant dans des murs de différentes hauteurs surmontés chacun d'un très simple fronton couvrant une seule travée de baies, paraît à première vue modulée uniformément.
Le maître d'œuvre y a introduit une fantaisie basée sur la diversité des élévations.
On a voulu dessiner une figure régulière dans laquelle la chaudière principale et les salles des machines motrices centrent, chacune, des espaces régulièrement tracés par les intersections des corps de bâtiments.
C'est un ensemble achevé pour la satisfaction de l'œil en n'importe quel point d'observation.
La qualité des bâtiments de cette époque construits en pierre de taille avec des toits à croupe couvert d'ardoise, aux murs percés des classiques hautes baies cintrées à vitrages à petits bois, souligne l'harmonie et l'homogénéité de la conception et de la réalisation.
Il est remarquable que l'ensemble, tel qu'on peut le voir sur la vue cavalière de 1869 soit resté intact.
Les traditionnels ateliers couverts de toits à sheds sont venus l'enserrer sur trois côtés laissant libre le dégagement vers la grille d'honneur et respectant le périmètre de la manufacture impériale.  »

 

 

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