Histoire de la Couronne
et de la Sainte Epine
de Saint-Etienne

Il y a 2 700 ans, alors que l’Empire Romain en était à son balbutiement, un grand Prophète de Jérusalem, Isaïe, annonçait la venue de Celui qui allait partager l’Histoire des Hommes en deux. Il annonçait aussi son épreuve et son sacrifice, en termes saisissants: « Nous l’avons humilié, méprisé, compté pour rien. Or, ce sont nos souffrances qu’il portait.»

700 ans plus tard, l’Empire romain va vers l’apogée de sa puissance, Celui qu’Isaïe avait annoncé est là ; quelles sont ses œuvres ? : nourrir les affamés, rendre la vue aux aveugles, délivrer les possédés, purifier les lépreux. Aussi, c’est sous les acclamations du peuple, avec palmes et louanges, qu’il entre dans Jérusalem. Mais, une semaine plus tard, parce que cet Homme avait dit qu’il avait fait tout ça au nom de son Père qui était Dieu, cet Homme a été trahi, arrêté, couvert de crachas, fouetté, humilié dans son identité divine, affublé d’un faux manteau royal, d’un faux sceptre, d’une fausse couronne. Cette couronne de dérision fut fabriquée à la hâte par ses gardes, avec un cercle de jonc, entouré de tiges épineuses d’un arbuste de Judée. Le disciple Matthieu nous raconte la scène : « Alors les soldats du gouverneur l’ayant dévêtu, lui mirent une chlamyde écarlate, puis, ayant tressé une couronne avec des épines, ils la placèrent sur sa tête, avec un roseau dans sa main droite. Et, s’agenouillant devant lui, ils se moquaient de lui en disant : « Salut, Roi des juifs ! », crachant sur lui, ils prenaient le roseau et en frappaient sa tête. Puis, ils l’emmenèrent pour le crucifier ».

Trois siècles plus tard, Hélène, mère de l’Empereur Constantin, ordonne des fouilles à Jérusalem et découvre les saintes reliques de la Passion du Christ. Dès lors la foule des pèlerins s’amplifie, les témoignages aussi, comme celui de l’archidiacre Théodose vers 530 : « Il y a ici, au milieu de la Basilique du Mont Sion, la Couronne d’épines, dont le Seigneur a été couronné devant les juifs, les pèlerins mettent la main dessus et la touchent »

Vers la fin du 8e siècle, Charlemagne, assure la protection des Lieux Saints. Le patriarche de Jérusalem lui offre 3 reliques du Saint-Sépulcre, dont un fragment du cercle de la Couronne d’épines. L’Empereur installe ce précieux don à Aix la Chapelle.

Nous voici au début du 13e siècle. Paris, était dépourvu d’une relique, à laquelle la ville pouvait vraiment s’identifier ; comme c’était le cas à Rome, avec le voile de Véronique, ou à Constantinople, avec le Mandylion. La supériorité de la Couronne d’épines était d’exister pratiquement toute entière à la différence de la Croix dont tant de fractions avaient été distribués. C’est pourquoi Louis IX décida de racheter la Couronne du Christ à l’Empereur Baudouin II de Constantinople, lequel perdu de dettes, l’avait mise en gage auprès d’hommes d’affaires vénitiens.

La question de l’authenticité de la relique était considérée comme capitale. Il est frappant de voir avec quel soin sont apposés les sceaux soit à Constantinople, d’où la relique est partie, soit à Venise. Et, lorsqu’elle arrive finalement en territoire royal, on procède à la reconnaissance des sceaux, des lettres et des documents qui l’accompagnent. Autrement, on ne pourrait pas expliquer les dépenses considérables faites pour son acquisition. Louis l’a payée 135 000 livres tournois. Soit, un peu plus de la moitié du revenu annuel du domaine royal.

Lorsque le 10 août 1239, à Sens, le Roi accueille avec grand respect l’Insigne Relique, il adresse au Doyen du Chapitre du Puy une de ses épines, accompagnée d’un manuscrit commençant ainsi : « Le jour même où nous avons reçu la sacro sainte couronne … »

A partir de là, le destin de la Couronne et de cette Epine se sépare. Pour la Couronne, Saint Louis lui fit construire la Sainte Chapelle. Le montant des travaux s’éleva à 40 000 livres tournois, soit trois fois moins que le prix de la Couronne elle-même.

Saint Louis avait coutume d’y passer des nuits de veille et de prière.

Pour la Sainte Epine, elle est exposée à l’adoration des fidèles, au cœur même du trésor de la Cathédrale du Puy en Velay dans un reliquaire d’argent , puis, dans un vase de cristal au piédestal d’or donné par le Roi Louis XI.

Trois siècles plus tard, la Révolution gronde, le Reliquaire, vidé de son contenu, est envoyé à l’Hôtel des monnaies, pour être fondu. L’Abbé BORIE, préposé à la sacristie de l’église constitutionnelle ponote, sauve l’Epine, ainsi que la lettre du Roi Saint Louis, contre quelques pièces. Or, dans les tribulations révolutionnaires, cet Abbé est nommé à Saint Etienne comme Vicaire Général de la Paroisse Notre Dame. Il s’y rend muni de son précieux bagage.

Lorsqu’il quitte Saint Etienne, il propose de faire don de la Relique et du parchemin à la Paroisse, ce qui est accepté avec joie. Son curé fut autorisé à ériger la Confrérie des 5 plaies, qui protégeait la Relique, et à fixer une Fête en son honneur. D’abord conservée dans une custode provisoire, celle-ci est remplacée, sous le second empire, par un remarquable Reliquaire, dû à l’orfèvre ARMAND-CALLIAT. Une souscription auprès des paroissiens couvrit la dépense.

Les années passent, le 3éme Millénaire s’ouvre, mais la Sainte Epine n’est plus visible. La Ville de Saint-Etienne souhaite exposer à nouveau et mettre en exergue ce Reliquaire.

Sous l’égide des affaires culturelles Régionales, une vitrine forte est tout spécialement conçue pour le protéger. Il est alors installé, toujours à Saint-Etienne, dans la Chapelle du Magnificat et de la Sainte Epine, en l’Eglise Sainte Marie de la Visitation.

Dans cet espace dédié, le Reliquaire bénéficie d’une présentation permanente, accompagné d’informations tant historiques, artistiques que spirituelles.

L’église néo byzantine Sainte Marie de la Visitation, protégée au titre des Monuments historiques, Possède, sur cette même thématique, deux Peintures classées :

> Dans la Chapelle éponyme, on peut voir l’Enfant-Dieu remettre la Couronne d’épines à Catherine de SIENNE.

> Dans l’Abside, une « Descente de croix », réalisée par le grand maître Théodore CHASSERIAU, nous montre Marie atterrée, enlevant la Couronne d’épines de la tête de son Fils supplicié.

Mais, en vérité, au-delà des récits et des images, cette insigne Relique nous aide à mieux comprendre « ce Dieu qui meurt d’Amour » :

« Je contemple cette scène de l’Evangile où Pilate fait revenir au prétoire celui qu’on lui a livré : « Ecce Homo », voici l’homme, celui de tous les temps qu’on peut bafouer et qui est mis à mort, Jésus, du coté des sans-puissances, solidaire de nous tous à cet instant là et dans les siècles. Je crois que c’est aussi en ce sens que la Résurrection n’abolit pas le poids du Vendredi Saint. Elle atteste, au nom de Dieu, que Jésus n’était pas un imposteur : Il était bien l’Image parfaite de la divinité à l’heure où sa Couronne était la dérision des épines. »


 

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